L’imaginaire des hommes et des femmes autour de la sexualité a été bâti sur la transmission d’un système de valeurs et de pensées.
Ce que nous avons entendu plus jeunes sur la sexualité, les premières références auxquelles nous avons été confrontées, tout ceci va venir ancrer profondément en nous une certaine idée de la sexualité.
Afin de mieux comprendre ce mécanisme de socialisation à la sexualité et comprendre ses résultats aujourd’hui, j’ai fait tout d’abord un travail autour de la transmission de savoirs de mère en fille, dont les résultats sont disponibles dans un article précédent.
Pour compléter le sujet, nous nous intéresserons cette fois à l’éducation sexuelle et son impact sur les hommes.
Pour réaliser cet article, une enquête par questionnaire a été effectuée. 87 hommes volontaires ont répondu aux questions et ont permis la rédaction de cet article.
Cet échantillon n’est malheureusement pas représentatif au sens sociologique, cela étant dû notamment au fait que notre cible principale est majoritairement, voire principalement, féminine. Le travail de récolte de données a donc été plus complexe, mais nous tenions toutefois à réaliser cet article, qui peut malgré tout répondre à beaucoup des questionnements autour de la perception de la sexualité et du dialogue autour de la sexualité chez les hommes. Nous espérons que ce travail vous plaira autant qu’à nous.
Données générales de l’enquête :
Les répondants au questionnaire ont entre 18 et 45 ans (avec une majorité ayant entre 21 et 35 ans), 46% d’entre eux sont mariés, 44% en couple et 10% sont célibataires ou divorcés. Ce pourcentage vient du fait que les répondants ont eu connaissance du questionnaire majoritairement par le biais de leur partenaire.
L’importance accordée à la sexualité.
Le sujet de la sexualité est un sujet valorisé auprès des hommes, 87% des répondants affirment qu’ils imaginaient la sexualité comme étant importante avant même d’être en couple.
En revanche 10% d’entre eux accordent ou accordaient peu d’importance à la sexualité avant d’être en couple.
Le dialogue autour de la sexualité :
En majorité, les répondants affirment qu’ils ont le dialogue facile autour de la sexualité, un quart d’entre eux témoignent être désintéressés ou trouvent le sujet trop intime. Pour la majorité d’entre eux, le dialogue autour de la sexualité est simple, fluide (77,5%) et plutôt fréquent.
Très peu d’hommes disent être gênés d’en parler dans le cadre de leur couple / mariage, mais 9,5% affirment en parler plutôt rarement.
La vision des hommes sur la libération sexuelle des femmes :
Lorsque l’on interroge les hommes sur ce qu’ils pensent des femmes qui parlent librement de sexualité, ils ont majoritairement un avis positif :
« Je trouve ça bien »
« Génial »
« Je préfère [ça plutôt] qu’avoir honte de parler de ça »
« C’est très important, impacte positive sur la vie sexuelle du couple. Tout à fait normal, c’est un sujet qui appartient autant aux femmes qu’aux hommes »
« Je trouve cela normal et important que la femme s’exprime librement sur le sujet, après bien sûr de façon correcte. Moi j’aime échanger avec ma femme et qu’elle me dise ce qui lui plaît ou pas etc.. »
Certains répondent avec un fort enthousiasme…
« C’est les meilleures »
« Ça m’excite et je fantasme sur elles »
Certains sont perplexes :
« Maturité ou carence »
« Mitigé »
Et une partie d’entre eux pensent toutefois que cela est inapproprié, vulgaire, dans certaines circonstances qu’elles manquent de pudeur et certains associent cela aux travailleuses du sexe :
« Je pense qu’elles devraient garder leur intimité pour elles »
« C’est trop gênant »
« Elle nuit à l’image de la femme »
« Qu’elles manquent de pudeur (si cela est fait devant des hommes, si c’est entre femmes c’est différent) »
« Je trouve que ça peut laisser paraitre une mauvaise image de la femme (si elle en discute avec d’autres personnes que son mari) »
« Pute »
On peut noter que dans cette question, le point de vue est très subjectif, la question est libre d’interprétation. En fonction du contexte, certains hommes auraient pu répondre différemment, on peut observer par exemple que les avis positifs s’orientent principalement sur le contexte du couple.
Parler librement de sexualité est positif dans la mesure où cela est bénéfique au couple selon les répondants, mais lorsqu’il s’agit d’en parler librement de manière générale, sans que ce soit inscrit dans le cadre du couple, leur vision est plus négative. On pourrait alors considérer que selon nos répondants, le dialogue autour de la sexualité doit être inscrit dans le but précis d’apporter un bénéfice au couple et de l’information aux femmes et que celui-ci ne doit pas s’étendre à la sphère publique. Et dans des cas extrêmes, cela peut être annoté négativement.
Cela vient se confirmer par le fait qu’à la question « Une femme qui aime innover sur le plan sexuel tu trouves cela : »
- Génial je m’amuserai avec elle !
- Vraiment pas bien, je ne comprends pas pourquoi une femme devrait s’intéressera cela !
97,7% ont répondu « Génial je m’amuserai avec elle ! ». On peut donc faire l’hypothèse que les hommes apprécient réellement la prise d’initiative sur le plan sexuelle des femmes, mais principalement pour bénéficier au couple (et pour en être eux-mêmes bénéficiaires).
La transmission du savoir sur la sexualité chez les hommes :
Le dialogue humain :
Parmi les répondants, 66,7% d’entre eux affirment que plus jeunes, ils parlaient de sexualité avec leurs amis, 28,7% n’en parlaient avec personne et la famille arrivent en dernière position avec 11,5% qui en parlaient avec un proche de la famille et seulement 3,4% qui en parlaient avec au moins un de leurs parents. Plus on s’approche du cercle proche de la famille et moins le dialogue est présent.
Au sujet du dialogue avec la famille, les notions de tabous et d’interdits resurgissent fréquemment dans les retours « Pas du tout un sujet à aborder au sein du foyer familial », «Interdit de parler de ça avec la famille », « Tabou inexistant ».
Et pour une minorité, le dialogue a pu se faire avec un membre de la famille plus simplement ou de façon circonstancielle :
« Naturellement, vers mes 16 ans, mon oncle m’a expliqué qu’il était normal d’avoir des relations etc et qu’il fallait se protéger etc il m’a demandé si j’avais des questions, qu’il faille en parler naturellement »,
« Avec des questions simples et franches, mes parents n’avaient pas de tabous à ce sujet »,
« On parlait pas si souvent, juste dans certains cas concernant les préservatifs »
« Haha sujet tabou dans ma famille (les rebeus tu connais), j’ai eu droit à un « on en parle une fois pour toutes entre quatre yeux » avec mon père quand je suis rentré au lycée et c’est tout »
Après l’observation des données à la suite de l’enquête, j’ai pu constater que le dialogue sur la sexualité dans le cadre familial va permettre aux hommes de moins rechercher l’information dans des contenus pornographiques. Et dans la majorité des cas, les hommes qui discutaient de sexualité avec leurs amis sont les plus nombreux à visionner du contenu pornographique avec ceux qui ne discutaient de sexualité avec personne.
En effet, parmi les hommes ayant eu comme source principale d’information la pornographie, 70% d’entre eux discutaient de sexualité avec leurs amis, et 20% d’entre eux n’en parlaient avec personnes. Enfin, seulement 10% des hommes qui discutaient de sexualité avec un de leur parent ou un membre de leur famille s’informaient sur la sexualité grâce à la pornographie.
On remarque toutefois que les hommes qui ne discutaient de sexualité avec personne sont moins nombreux que ceux qui discutaient de sexualité avec leurs amis et qui consommaient du contenu pornographique. On peut donc faire l’hypothèse que le dialogue avec les amis sur ces sujets va influencer les hommes à consommer du contenu pornographique, soit parce qu’il s’agit d’un sujet de référence lors de leurs discussions, soit parce qu’ils s’encouragent entre eux à en visionner.
Les principales sources d’information sur la sexualité :
Parmi les premières sources d’information sur les sujets en lien avec la sexualité, les hommes affirment dans la majorité des cas s’informer, lorsqu’ils étaient plus jeunes, par le biais d’internet dans 65,5% des cas et la pornographie arrivent juste après en seconde position, à 56,3%.
La moitié disent s’être informés par le biais de l’école, et en minorité l’information provenaient des films ou séries, des réseaux sociaux, des magazines, des livres et en dernière position les amis.
Il est intéressant de voir que malgré le fait que les amis étaient la première source de dialogue autour de la sexualité, elle demeure la dernière source d’information citée. On pourrait en déduire que les échanges sur la sexualité étaient bien présents cependant peu instructifs. On pourrait en déduire aussi que les hommes préféraient un contenu plus intime et personnel pour s’informer, très souvent les recherches sur internet ou le visionnage de contenu pornographique se fait seul.
L’impact des sources d’information sur la qualité du dialogue dans le couple.
J’ai pu constater, d’après l’enquête, que les sources d’informations telles qu’Internet et l’école et même la pornographie avaient un impact positif plus tard sur le dialogue au sein du couple.
En effet 84% des hommes qui ont un dialogue simple, fluide et fréquent au sein de leur couple se sont informés plus jeune sur internet. Et 47% d’entre eux se sont informés à l’école et/ou via du contenu pornographique.
A contrario, le contenu pornographique peut également avoir un impact négatif puisque parmi ceux qui ont un dialogue difficile, avec beaucoup de pudibonderie et rare au sein de leur couple (mais il s’agit d’une minorité d’hommes, donc ce pourcentage n’est absolument pas représentatif), 2/3 déclarent s’être informés par le biais de la pornographie principalement.
Aujourd’hui, 56,6% des hommes de l’enquête affirment qu’ils continuent de s’informer sur la sexualité et ils s’informent principalement avec leur partenaire, en favorisant le dialogue sur la sexualité pour mieux se comprendre, mais aussi grâce à la lecture d’articles sur les réseaux et sur internet.
Pour conclure :
La façon dont l’éducation et l’information à la sexualité aura été transmise dans l’enfance ou l’adolescence aura un impact sur l’adulte en devenir. Beaucoup de facteurs vont en effet permettre plus de cohésion au sein des couples et dans la sexualité des hommes une fois adulte. La manière dont aura été abordé la sexualité va favoriser ou défavoriser l’épanouissement sexuel. Également, le dialogue avec la famille a un réel impact sur la tendance à consommer de la pornographie, nous avons pu le voir lors de cette enquête.
Nous aborderons les questions liées aux troubles érectiles et éjaculatoires, ainsi que les questions concernant la masturbation issue des résultats de la même enquête dans un autre article.
Rédigé par @sens.u.elles pour secretsdegeishaa.com